Comment empêcher le vol de photos sur les réseaux sociaux ?
Voilà un sujet qui fâche ! Chaque image publiée a un propriétaire. Il n’existe pas de photo « libre de droits » tel que la plupart des gens l’interprètent. Je ne vais pas entrer dans les détails du droit de la propriété intellectuelle, car je ne suis pas juriste. Mais en tant que photographe, il est important pour moi de défendre mes intérêts, sans passer toute mon énergie à me battre pour rien.
Le constat, c’est que beaucoup de particuliers et d’entreprises se servent sans aucune honte dans les photos qui sont publiées sur Internet.
Pourquoi c’est décourageant
Le pillage organisé de mes photos (il n’y a pas vraiment d’autre moyen de décrire ça) ces dernières années est devenu démoralisant. Poursuivre chaque cas de vol était quasiment impossible, sans y consacrer un temps disproportionné. Il m’arrive même d’hésiter à publier sur mes comptes Facebook ou Instagram. Dans les heures qui suivent, des individus peu scrupuleux repostent les publications sans autorisation. Je passe sur les arguments: c’est juste un vol. Mais le risque, c’est que le vol devienne la norme.
La plupart des plateformes où sont republiées les photos sont américaines: Instagram, Facebook, Pinterest, Tumblr. Il existe une loi qui oblige ces plateformes à effacer rapidement un contenu volé (c’est le DMCA, ou Digital Millenium Copyright Act). Même si chaque plateforme a mis en place une procédure assez simple avec un formulaire à remplir, il faut du temps. À chaque fois, il faut fournir la photo originale, une description de la photo, les coordonnées complètes de l’auteur, le lien vers la photo volée… J’avais commencé à le faire, mais ça prend beaucoup trop de temps, dès qu’il s’agit de plusieurs dizaines de photos, et il faut répéter les mêmes informations pour chaque publication.
À noter: si on fait plusieurs déclarations de vol qui concernent une même page ou un même compte (par exemple Instagram), le compte peut être suspendu, puis fermé pour abus répété, ce qui est une bonne nouvelle.
Mais j’avais quand même plus ou moins abandonné ce type de poursuites, car je n’ai juste pas des heures à consacrer chaque semaine à ces déclarations.
Pourquoi il faut (quand même) se battre
Récemment, j’ai quand même essayé de revenir sur tout ça. Un des problèmes de laisser faire, c’est que ça encourage tout le monde à continuer le pillage. Pire, ça pénalise comme d’habitude, mes clients qui font les choses dans les règles. Sans compter que je pouvais retrouver mes photos sur des pages et des comptes peu recommandables, ce qui nuit à la réputation de ma marque.
Il existe des services qui permettent de stocker les photos publiées, et qui cherchent des copies illégales. Ces services peuvent atteindre un prix assez élevé, et surtout, ils n’interviennent pas contre des particuliers qui publient sur des réseaux sociaux. Ce n’était donc pas satisfaisant dans mon cas précis.
Ma solution
J’ai donc dû travailler à une réponse « maison ». La période creuse, à la suite du confinement du début 2020, m’a permis de me lancer dans la construction de mes propres outils.
J’ai mis en place une base de données de mes photos les plus volées, avec les informations nécessaires à la déclaration de vol (titre et description de la photo, date et lieu de la prise de vue, lien vers la version originale publiée). Le résultat: un système automatique dans lequel je saisis juste le lien de la photo publiée illégalement, la photo originale dans ma base de données, et le contact qui gère les plaintes DMCA sur le site concerné. Pour le moment, ça ne concerne que Facebook, Instagram, Tumblr ou Pinterest, mais ça va être rapidement étoffé. Le système envoie instantanément un e-mail de notification légale à l’hébergeur.
Voici un exemple du mail généré automatiquement :
Les résultats
Les premiers mails sont partis hier en début d’après-midi. Hier soir, j’ai reçu les premières réponses qui me confirmaient l’effacement des photos volées. C’est donc un gros succès. Toutes les déclarations jusque là ont abouti au retrait sous quelques heures. Je n’ai pas encore d’information sur la fermeture des comptes qui ont commis les plus grosses infractions.
Dès que je vois une photo publiée sans mon accord, c’est maintenant plus simple. Si elle est déjà dans la base, en deux clics, le mail est généré et la notification légale est envoyée. Si elle n’est pas dans la base, il faut quelques minutes pour l’ajouter, et elle est prête pour les fois suivantes.
Le choix technique
Pour ceux qui sont intéressés, la solution que j’ai choisie est SuiteCRM. C’est un logiciel de CRM open source (gratuit) qui est extrêmement flexible et qui me sert à beaucoup d’autres choses. Sa base de données peut contenir les photos et les informations, et il gère les envois de mails automatisés avec une grande simplicité.
La photo d’illustration, c’est Nicolas Decaigny sur la grille de départ à l’Alpe d’Huez, le 7 août 2016. Elle n’a rien de spécifique par rapport au sujet du vol, juste au cas où il y aurait un doute. Elle est juste belle.